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Pourquoi interviewer ses parents avant de se lancer dans les études (Vidéo)

Interviewer ses parents ? S'interroger sur la manière dont nos parents ont vécu leurs études et leur vie professionnelle est pour moi un indispensable avant de choisir sa voie et de se lancer. Voici pourquoi.

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Bonjour,

Dans cette vidéo, je vais te proposer un exercice assez original, qui va consister à prendre un peu de recul par rapport à ton contexte familial – par rapport à ton histoire familiale – et à analyser tes parents en relation avec leur vie professionnelle et leurs études.

 

En effet souvent, malheureusement ou heureusement je ne sais pas, on commence à se poser des questions sur sa famille assez tardivement, vers 30 ans ou vers 40 ans. Avant, on peut être dans une phase adolescente, dans une phase de rébellion peut-être, dans laquelle on va se dire que toutes les valeurs que l'on m'a données sont à jeter, où je vais être en opposition par rapport à cela, peut-être même avec colère, ou avec des réactions épidermiques. Ou alors, on peut ne pas l’être du tout, c'est-à-dire qu’à l'heure actuelle on observe quand même beaucoup de relations « parents-copains » : nos parents, on les aime bien, ils sont sympas, on aime passer du temps avec eux, bref ils sont cools.

Et du coup, dans l’une ou l’autre situation, c'est-à-dire le rejet total comme « l’amitié », quelque part c'est un peu gênant puisque cela ne nous permet pas de prendre un peu de distance par rapport à notre histoire familiale, ni de voir ce qui, éventuellement, se rejoue en nous au moment de commencer nos études supérieures, au moment de choisir un métier et de s'orienter.

Ce moment précis, là maintenant, ce moment avant la prépa, juste au moment d’entrer en prépa ou même au moment où tu vas devoir choisir tes écoles, choisir tes spécialités dans le cas des écoles d'ingénieurs par exemple, ou choisir de poursuivre en école ou bien de te rabattre sur une autre filière, bref ce moment précis du choix, va être un moment crucial de ta vie.

La période où l’on prend nos décisions en matière d’orientation, c’est à la fois le début d'une période dans laquelle on va devenir de plus en plus indépendants, de plus en plus autonomes et où on peut ressentir un fort sentiment de liberté, mais en même temps, dans certains cas, c’est le moment où l’on réalise que l’on n’est pas si libre que l'on pourrait le penser. Parfois, on peut avoir un fil à la patte, un fil dont on ne peut même pas avoir conscience, et qui va nous pousser à reproduire un schéma familial ou bien à aller à contre-courant de ce schéma familial.

Et ça, pour moi, ça mérite d'être mentionné, expliqué et pris en compte avec sérieux. Là tout de suite, au moment où je parle, je viens de repenser à l'histoire d'un copain qui a fait une classe préparatoire, qui a beaucoup travaillé et beaucoup souffert en classe préparatoire, qui a fait une école de commerce, qui a une carrière brillante sur le papier dans sa vie professionnelle et qui se trouve un peu en porte-à-faux par rapport à lui-même, et surtout par rapport à ses aspirations.

On en discutait dans un cocktail il y a quelques temps, et au bout d'un moment, il m'a dit : « Oui, mais parce que mes grands-parents élevaient des chèvres à la campagne, moi je ne peux pas… » Cette personne n’a pas terminé sa phrase, mais ce qu'elle voulait dire en fait c’est : « Je ne je peux pas vraiment faire autrement, alors qu'on m’a donné les moyens d'étudier, de poursuivre une carrière, je ne peux pas faire autrement que de mener cette brillante vie carriériste très rémunératrice, très parisienne, parce que j'ai de la loyauté par rapport à mes grands-parents qui élevaient des chèvres. »

Alors peut-être qu'au fond, il y a d'autres choix qui pourraient être possibles, mais pour cette personne, dans son paysage mentalelle ne peut pas y penser. Elle ne peut pas s'en libérer sans avoir mené un travail personnel, que cette personne finira sûrement par faire au fur et à mesure des années, au fur et à mesure des prises de conscience - mais cela prendre peut-être des années.

C'est en partie la raison pour laquelle beaucoup de gens dans ma génération finissent par se reconvertir.  On en entend parler dans les journaux, on en entend parler dans pleins de reportages : « Il était banquier puis il est devenu fromager. », « Elle était conseillère financière, elle a fini agricultrice. » On peut se demander si justement, ces choix qui n’ont rien à voir, ne sont pas le fruit de l’absence de questionnement à ce moment crucial de l’orientation, à ce moment précis, où tu es en train de faire, toi, des choix d'orientation.

Donc moi, je te propose avec beaucoup de bienveillance et de générosité, de gagner 15 ans ! Alors ça ne va pas être aussi magique que ça, mais sache que tout simplement te poser, peut-être ce week-end ou dans les jours qui viennent, pour commencer à analyser tes parents, c’est une bonne idée. Cela peut également donner lieu à une conversation très sympa au petit-déjeuner, ou le soir, pour que tu comprennes un peu mieux quel a été le parcours de tes parents, comment ils ont vécu leur vie étudiante et le début de leur vie professionnelle. Il s’agira peut-être de découvrir ce dont tu n'as aucune idée, qui sait.

Quelles questions poser ?

On pourrait se poser la question :

« Qu'est-ce que tes parents en fait comme études ?

Quel a été leur parcours ?

Ont-ils toujours réussi ?

Ont-ils candidaté, et n’ont-ils été accepté que dans certaines écoles, dans certaines formations ?

N’ont-ils pas du tout fait d'études ?

Ont-ils fait de hautes études eux aussi ?

Sont-ils satisfaits de leur parcours, de leur histoire ?

Est-ce que par rapport à leur histoire ils sont satisfaits ?

Ont-ils été comblés par leurs études et les recommanderaient-ils à tout le monde - et ils le recommandent tellement à tout le monde qu’ils te le recommandent à toi et que tu te sens poussé à faire les mêmes études ? Est-ce qu'au contraire ils sont très critiques ?

Est-ce qu'ils regrettent ?

Est-ce qu'ils sont frustrés par rapport à ça ?

Est-ce qu'ils ont le sentiment d'être passés à côté ?

Est-ce qu’ils ont le sentiment qu'ils auraient pu faire mieux et qu'ils n’ont pas assez étudié ?

Bref, comment est-ce qu’aujourd'hui même ils se situent par rapport à leurs études ?

Est-ce qu'ils ont fait la paix par rapport à leurs études ?

Est-ce que finalement ils t'ont légué cette ambiance, un climat particulier, une émotion particulière, une excitation, une appréhension ?

Ou de l’indifférence tout simplement par rapport aux études supérieures ?"

Donc voilà la première étape. Essaie peut-être de leur poser des questions, tout simplement, de t'intéresser, de leur demander aussi leur ressenti en tant que personne. C'est intéressant de se projeter, de voir ses parents non plus en tant que quadragénaires ou quinquagénaires mais en tant que petits jeunes, comme toi, qui se lancent dans les études.

 

Peut-être dans un deuxième temps la deuxième question à se poser serait :

Qu'est-ce que tes parents veulent pour toi, qu'est-ce qu'ils ont projeté sur tes études ?

Qu'est-ce qu'ils ont imaginé pour toi ?

Qu'est-ce qu'ils ont toujours souhaité pour toi ?

Finalement, est-ce que les études supérieures sont un enjeu dans ta famille ou est-ce que c'est quelque chose de normal.

Est-ce que c'est quelque chose dont on ne remet même pas en question le bien-fondé ?

 

Je pense vraiment que ces questions sont importantes. De manière assez caricaturale, dans la vie on peut rencontrer très souvent des gens qui sont dentistes ou médecins sur trois générations,  « dans ma famille, on est banquier sur trois générations », « Ah bah ! Moi j'ai fait comme mon père, architecte, et mon oncle est architecte. » Il y a des familles, comme ça, avec une culture familiale très forte. Idem avec les familles d'ingénieurs, dans laquelle le père est ingénieur, le fils est ingénieur et la troisième génération en fait elle ne se pose même pas la question, puisqu'elle a toujours pensé que ce qui était bien dans la vie c'était d'être ingénieur, d’obtenir ce diplôme, ce sauf-conduit et ce joker pour être reconnu dans la vie comme par les générations précédentes.

 

Ça me fait penser à quelqu'un qui j’ai rencontré dernièrement d’ailleurs, qui m’a dit : « J'ai 20 ans d'ingénierie, 20 ans de R&D derrière mois. Je me suis fait chier toute ma vie pro. ». Ce sont ses propres mots. « Et à 45 ans, je suis arrivé devant mon père, je lui ai donné mon diplôme et je lui ai dit : « Voilà ! En fait ce diplôme c'est toi qui voulais l’avoir, c'est pas moi. Moi, maintenant je peux écrire des livres et je suis devenu prof. » Et ce monsieur semblait beaucoup plus épanoui et à sa place qu’avant. Mais il avait suivi sans s'en rendre compte une règle tacite, une sorte de loyauté par rapport à son milieu familial.

Donc une fois que tu as fait cette petite interview auprès de tes parents,  tu peux t’interroger toi-même : Est-ce que tu veux ce que tes parents veulent ? Est-ce que tu veux compenser quelque chose pour eux ? Est-ce que tu veux leur offrir quelque part, ton diplôme, tout autant pour les remercier de leurs efforts que pour les remercier de t'avoir poussé et permis de mener ces études ? Est-ce que tu veux leur offrir ta réussite ou alors est ce que finalement les choix que tu t'apprêtes à faire ou que tu viens de faire, ces choix, tu les fais vraiment pour toi ?

Les réponses à apporter à ces questions ne vont pas être binaires.

Tu peux aussi très bien te dire : « C'est quelque chose que mes parents veulent mais c'est quelque chose que moi aussi je veux, donc je reste sur mes choix, mais j'en ai maintenant conscience. »

 

Et le fait d'en avoir conscience, ça va déjà changer beaucoup de choses. Ça pourrait tout changer. Si je devais prendre une image pour illustrer cette idée, tu vois c'est comme si tu étais dans une salle-à-manger avec un grand tableau de type large peinture à l'huile façon XVIIIème siècle, et à force d'être dans cette salle-à-manger, tu regardes même plus le tableau, tu regardes même plus les personnages ou ce qui s'y passe. Mais aujourd'hui, l’exercice c’est de de regarder ce tableau, en détails, observer tout ce qui s'y passe. Parce que la prise de conscience de ce tableau familial, de ce tableau mental, va te permettre de faire des meilleurs choix.

A mon avis, c'est indispensable, donc une fois que tu auras regardé ce tableau, qu'est-ce que l’image que tu y vois t’apprend ? Qu'est-ce que ça suscite en toi comme émotion ? De l'enthousiasme, de la libération, du soulagement, de la déculpabilisation ? De la colère, de la tristesse, un sentiment d'être prisonnier ? Bref, ça peut être un spectre d'émotions très large. Et une fois que tu auras vu la scène et tes sentiments, est-ce que finalement cela influe sur tes choix ?

Là encore, je ne suis pas là pour te dire qu’il faut tout changer, qu’il faut faire table rase, prendre un virage à 90° ou tout détruire pour reconstruire de A à Z. Je suis juste là pour te dire : ouvre les yeux, regarde le tableau, et à partir de là, avance !

Cet article a été publié sur la page Facebook "Je prépare ma prépa".
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A bientôt !

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