01 Sep Yaka-Fokon, bien réagir aux conseils en tout genre
Ne t’y trompe pas : le Web a radicalement transformé la manière d’accéder à l’information et par conséquent commence à métamorphoser –et va profondément chambouler dans les années à venir- à la fois l’enseignement et la manière-même d’étudier. Je trouve que c’est une bonne chose, mais dans cet article je voudrais aborder les conséquences anxiogènes que peut engendrer cette libre-circulation-de-l’information, du fait de la liste que j’ai baptisée « la liste Yaka-Fokon ». Coup de projecteur sur cette tendance qui, sous le prétexte de te faire avancer va bien finir par te paralyser.
Avant, la prépa c’était assez « simple », si j’ose dire.
Il suffisait d’aller en cours et de suivre les conseils de son prof. On pouvait bien sûr écumer les rayons des librairies et de Gibert Joseph pour acheter des livres supplémentaires, mais grosso modo on vivait dans une petite bulle studieuse dans laquelle profs et livres faisaient la loi. Le prof recommandait les livres et fournissait le contenu, et nous, nous suivions plus ou moins ses recommandations. On vivait dans notre bulle, dans « l’ici et maintenant ». On imaginait bien qu’il y avait d’autres classes prépa, d’autres « concurrents » éparpillés à travers la France, mais ce n’était pas vraiment une préoccupation puisque nous n’avions aucun moyen de nous représenter vraiment les autres élèves –mis à part penser qu’ils étaient comme nous et faisaient comme nous, c’est-à-dire bûcher, khôller et veiller.
A l’inverse aujourd’hui le Web regorge de ressources à destination des classes prépa. C’est à la fois très bien mais également un peu pernicieux. Parce que ce qu’implique la fluidité de l’information, au fond, c’est que les conseils des profs ne suffisent plus... Il y a mieux, il y a plus, toujours plus, plus à faire, à apprendre, à lire, à ingurgiter. Résultat, le flot de conseils déferle, à portée de souris pour les plus inquiets et perfectionnistes d’entre vous. Les références de livres à lire pullulent, les fiches de lecture poussent comme des champignons lors d’une chaude journée de fin d’automne, sans compter les conseils méthodo, les articles sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire, combien d’heures travailler, etc.
Un élève voulant bien faire pourrait avoir envie d’appliquer aveuglément tous les conseils glanés, et pour ce faire se concocter une « to-do-list » infinie. Rajouter systématiquement à sa liste un titre d’ouvrage, un URL, voire se créer un répertoire fourre-tout « à lire », répertoire qu’il regardera s’étoffer avec inquiétude et mauvaise conscience. A faire, à lire, à apprendre, bref, une somme d’injonctions et de bonnes résolutions.
Mais, Hélène, est-ce que c’est mal de simplement vouloir se dépasser ?
Non ! Pas du tout ! Il est très différent de se challenger avec plaisir et envie plutôt que de s’imposer des choses par peur d’échouer. Parce que si le moteur conscient ou inconscient est la culpabilité ou « la raison », ou bien un enthousiasme irrépressible de collectionneur de références, cela peut entraîner l’effet complètement inverse.
Qui n’a pas chez soi une pile de livres qui prend la poussière mais mentalement estampillée « à lire » ?
Qui n’a jamais pris de bonnes résolutions en se faisant une jolie petite liste à rallonge, longue comme un ticket de caisse une veille de Noël et… ne les a jamais tenues ?
Le problème des résolutions non tenues n’est pas tant qu’elles ne sont pas tenues, c’est surtout que cela nous laisse souvent un petit goût amer en bouche. Parce qu’on sent bien qu’on a échoué dans cette mission que l’on s’était fixée à nous-mêmes. Parce qu’on se dit ensuite qu’on ne doit pas être très bon si on n’arrive même pas à tenir les objectifs qu’on s’était fixés à nous-mêmes….
Bref, pour moi c’est doublement inutile de chercher ce qu’on pourrait faire de « plus » et de le rajouter aveuglément à une to-do-liste déjà trop longue. Non seulement cela ne motive pas à faire les tâches listées sur cette «to-do », mais cela abîme notre estime de nous-mêmes et nous décourage pour la suite.
Voici quelques pistes :
- Surfer avec parcimonie sur les sites « Yaka » : yaka-lire-ça, yaka-faire-ça, yaka-apprendre-ça
- S’interroger sur la pertinence de chaque tâche que tu te rajoutes. Est-ce vraiment indispensable ? Est-ce un « luxe » i.e. si jamais j’ai du temps de libre ce serait un "plus" de le lire, ou bien est-ce capital pour ma réussite ? Est-ce que cela allume une petite étincelle de plaisir en moi ou est-ce que je vais le faire à reculons ?
- Penser la « to-do » non pas en tant qu’impératif mais en tant que « wish-list ».
- Si tu décides de lire une liste d’ouvrages, détermine un horizon temporel : « Je décide de lire ces 5 livres d’ici les vacances de février ».
- ...Mais spécifie comment tu vas arriver à les lire. Rajouter 5 heures à tes journées n’est pas une option… et comment pourrais-tu arriver à lire ces livres si tout ton temps est pris ? « Je décide de lire ces 5 livres d’ici les vacances de février. Pour ce faire je réduis le temps que je consacre à xx et je lis ce livre 30 minutes par jour tous les matins / je me plonge dedans un dimanche matin sur 2, ….
A toi de voir, pioche les idées qui te semblent pertinentes.
Car cet article n'est surtout pas un n-ième texte pour te contraindre au "yaka" ! 😉
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