
29 Juil A-t-on besoin d’un “maître” ?
Food for thought : le Maître
En ce moment, je réfléchis pas mal à la notion de « Maître », au sens classique du terme, et j’ai décidé ce matin de partager avec vous mes simples réflexions, à cœur ouvert.
? Je pense à la notion de « Maître », parce que je suis en train de vous finaliser un 3ème livre qui comprend des citations de philosophes antiques, et nombre d’entre eux ont eu des maîtres ou ont fondé des écoles de pensée.
? Je pense à la notion de « Maître » parce qu’hier je suis allée danser (tango argentin), et que cela m’a fait penser à mon « prof », qui, par son charisme, s’apparenterait davantage à un « Maître ». On ne sait ce qu’un enseignant nous a transmis que lorsqu’on remarque un détail qui nous fait penser à lui : là est la véritable transmission. Et mon « maître » de tango, argentin, avait lui-même un « Maître » reconnu – avec qui il ne s’entendait pas très bien d’ailleurs, mais qu’il respectait infiniment et qui lui a légué son expertise et son expérience. J’aime bien l’idée de m’inscrire dans une chaîne : je suis l’élève je suis « élevée », « grandie ») de l’élève du Maître.
? Je pense enfin à la notion de « Maître », car j’ai eu la chance de rencontrer il y a des années un vieux monsieur plein de sagesse qui m’a beaucoup appris, et qui pourrait très bien être résumé et étiqueté par le mot « Maître ». Il est décédé il y a quelques mois et j’en ai été très peinée, tout en reconnaissant à quel point je suis dorénavant riche de ce qu’il m’a transmis.
Il se trouve que lorsque j’en ai parlé au cours d’une formation, mon voisin a dit, avec beaucoup de fierté : « Moi, je n’ai pas de Maître, je me fais tout seul ».
J’en suis restée interdite.
Eh oui, notre société actuelle reste méfiante par rapport à la notion de « Maître ».
Parce qu’elle reste teintée de l’idée de hiérarchie (Maître/disciple), de domination (Maître/esclave) et presque même de l’idée de « gourou ».
Et pourtant, on peut avoir un « Maître », rester objectif et prendre le meilleur de celui-ci, tout en continuant notre propre chemin.
On peut avoir un Maître et simplement bénéficier de son expérience, changer de point de vue sur les choses, s’enrichir de ses conseils, se sentir réconforté par sa présence, son soutien, sa pédagogie.
Et avancer plus loin, plus vite et avec plus de légèreté.
La phrase qui m’est venue, pour penser ce mouvement de méfiance, est « Ni Dieu, ni maître ».
Oui, dans notre société contemporaine, l’Homme est indépendant, se fait seul.
L’individualisme poussé à son maximum.
Et de l’autre côté, la transmission est totalement désincarnée : on enseigne/transmet des données, des informations, des procédures. Mais surtout pas de vécu ou quoi que ce soit teinté du « je » du professeur.
En l’écrivant, ça me rappelle d’ailleurs mon vieux prof de Culture Gé en 2ème année de prépa HEC. Lui, au contraire, vieille école, parlait beaucoup de lui. A l’époque d’ailleurs, je me disais que ça n’avait pas trop de rapport avec le cours et que c’était un peu relou. Nous étions tous inquiets de savoir si nous aurions couvert tout le programme pour les concours. Lui, s’en fichait, parce qu’au fond il était plus « Maître » que « prof ».
Il avait à cœur de nous transmettre sa curiosité, son énergie, son indignation, plutôt que quelques citations désincarnées à appliquer scolairement dans une dissertation. [D’ailleurs il est décédé lui aussi il y a quelques années, profondément ébranlé par le fait d’être mis à la retraite et de n’avoir plus d’étudiants à « élever ». // Que devient un Maître sans disciples ?// Pour l’anecdote, on peut reconnaître que c’était un « Maître » car il a même sa propre page Facebook créée par le fanclub de ses anciens élèves !]
Bref, donc mon interrogation serait : « Où va-t-on dans un monde sans « Maître ? »
Mais c’est une fausse interrogation, car ma réponse personnelle fuse : « Nulle part ! ».
Imaginons une minute tous les progrès et beautés que l’on doit au fait qu’il y ait eu des Maîtres (arts, sciences, philosophie, médecine, spiritualité, …), qu'il y ait eu des disciples qui bénéficient de l'expérience acquise et qui la poussent encore plus loin.
Ce qui me semble intéressant cependant c’est d’envisager la raison pour laquelle on ne supporte plus l’idée d’avoir un « Maître ».
-- Peur d’être en situation d’infériorité ?
-- Peur du sentiment de dévalorisation que l’on pourrait ressentir ?
-- Peur de reconnaître qu’on ne peut pas tout faire tout seul ?
(mythe du self-made man, que j’aborde dans le livre n°1 « Se préparer à la prépa »)
-- Peur que ça dérape, qu’on soit sous emprise et qu’on n’arrive pas à dire « non » ?
Je laisse les questions en suspens, car toutes ne parlent que d’une chose : de notre faible estime de nous, de notre faible confiance en nous et du fait que nous ne sommes pas, collectivement, ajustés à nous-mêmes (j’avais partagé une vidéo il y a quelques mois sur un chercheur en psychologie qui expliquait cela très bien).
Alors que pour grandir, pour apprendre et nous élever, un maître est le moyen le plus rapide et le plus « confortable » !
Quel dommage...
Pour conclure ce message-fleuve, y’a du boulot !
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Si on résume, il va falloir :
1) consolider notre estime de nous jusqu’à arriver à nous mettre avec joie en situation d’humilité constructive
2) trouver un « Maître »
3) apprendre, apprendre, apprendre et
4) …continuer !
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Cet article a été publié sur la page Facebook "Je prépare ma prépa".
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