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PRENDRE CONSCIENCE DE LA CULTURE DU NUL

L'autre jour, j'ai écouté un podcast (dont je n'ai plus la référence), qui parlait de la "culture du nul".

J'ai trouvé la réflexion passionnante et j'ai surtout pu constater, dans les semaines suivantes, combien cette réflexion était pertinente.

En France, nous avons la culture du nul.

La culture de "c'est la honte de lever la main pour répondre à la question", qui fait qu'un prof peut attendre une réponse très longtemps, sans que personne parmi tous ceux qui connaissent la réponse daigne répondre (pour les profs étrangers, c'est un choc culturel, une absurdité).

La culture dans laquelle le "cool" n'est pas le meilleur élève.
Mais plutôt le bon élève qui réussit presque malgré lui, avec désinvolture.

La culture dans laquelle afficher clairement ses ambitions et sa volonté de réussir est perçu comme arrogant (à l'école comme en entreprise).

La culture dans laquelle passer des examens "de justesse", faire une présentation "à l'arrache" la veille au soir, improviser pendant un oral, est valorisé.

Est considéré comme signe d'intelligence, même.
On valorise le peu d'investissement, quand il se termine par un rétablissement in extremis, comme lorsqu'un chat tombe du 6ème étage et atterrit sur ses pattes.

A l'inverse, l'élève bûcheur, régulier, appliqué, impliqué, est souvent moqué. Oui, il est bon, mais qu'est-ce qu'il bosse ! Qu'est-ce qu'il se vante ! Il s'y croit...

Notons que l'on retrouve ces a priori culturels à tous les étages.
On idolâtre Steve Jobs, pour sa réussite teintée de comportement de mauvais garnement, qui se fait virer de sa propre boîte, on valorise Mark de Facebook car il n'est pas allé au bout de ses études à Harvard, mais jamais le chef d'entreprise qui a sué sang et eau, nuit est jour, régulièrement et patiemment.

Mais au fond, le plus intéressant c'est de constater que ces préjugés ont la vie dure, même en prépa !
C'est un comble : prenez les meilleurs élèves de tous les lycées à la ronde, ceux qui normalement ne *devraient pas* avoir la culture du nul, mais la culture de l'excellence, et constatez pourtant combien il reste vivace !

Certes, on est impressionné par le major de prépa, celui qui décroche d'excellentes notes, là où le reste de la classe est sous la barre des 10. Mais on ne l'admire pas, sauf s'il est désinvolte, faussement rebelle et qu'il nous fait croire que c'était presqu'un accident, qu'il n'a pas fait exprès d'être si brillant.

Paradoxal, non ? On aurait pu s'attendre à une grande solidarité, à ce que tous ces "premiers de la classe" fassent bloc, clament leur ambition, s'encouragent à être encore meilleur, ne cessent de lever la main en classe pour aller plus loin que le cours...

Eh bien non.
Ça me fait penser à un texte qui m'a beaucoup marqué, découvert en prépa lors d'un exercice de contraction de texte un mercredi après-midi en DS. Le texte sur "les majeurs et les mineurs", de Kant, dans lequel l'auteur précise (si ma mémoire est bonne...) que dans chaque groupe, il y a des mineurs et des majeurs, mais que si l'on met tous les majeurs ensemble, la distinction opère de nouveau : il y a de nouveau des majeurs et de nouveau des mineurs...

C'est bien ce qui semble se passer. Si tu es le premier de ta classe au lycée, et qu'en prépa tu n'es pas le premier, inconsciemment, tu te mets à adopter le comportement des autres, voire du cancre, dans une classe prépa.

Tu te mets à dénigrer les meilleurs, tu te mets à dévaloriser l'ambition frontalement affichée, tu te mets à valoriser ceux qui se mettent exprès chaque jour au fond de la classe. Parce qu'ils sont cools, rebelles, "normaux", humbles dans leur auto-dévalorisation.

Bon, là encore, on ne va pas changer un trait culturel d'un coup de blog, mais pourquoi est-ce important de prendre conscience de cela ?

Parce que, selon les cas, tu peux passer à côté de ta prépa si tu te laisses embarquer.

L'un de vous me confiait il y a peu, qu'après un changement de prépa, il/elle revivait. En effet, il/elle venait de quitter une prépa dans laquelle le groupe répétait toujours qu'être admissible était impossible, qu'il fallait regarder les choses en face, viser plus bas, ne pas dire de bêtise en affirmant son ambition...

Résultat : ambition abaissée, doutes, efforts moindres, auto-censure, et tout ce qu'on voit partout sur les prépas, les blagues sur les nuits blanches, les blagues sur les notes les plus basses, les croyances limitantes...

Changement de prépa, changement d'ambiance : il/elle se retrouve maintenant dans une autre classe, dans laquelle l'état d'esprit est radicalement différent. Entraide, ambitions affichées haut et fort, esprit de groupe, tout semble redevenir possible, même une admissibilité.

Pour moi, sa prépa est ainsi déjà réussie, car cela lui donne la satisfaction d'aller au bout de ses capacités et de ses envies, d'avoir réellement essayé (aucun regret à venir), d'avoir dépassé ses propres limites (consolidation de l'estime de soi).
Réponse au mois de juin, avec le tableau des admissions...

Donc, pour finir, la "culture du nul", cela me paraît très important.

C'est un frein culturel majeur (qui nous dessert par rapport aux pays étrangers, attendez de partir en échange universitaire pour le constater).

C'est un mouvement de groupe qui nous force souvent à choisir entre "être accepté et intégré, en se mettant en sourdine" ou "exprimer tout son potentiel et son ambition et risquer d'être isolé".

C'est un frein à main que l'on se met, emballé dans nos doutes les plus profonds, dans une certaine pudeur, dans notre insécurité par rapport au regard des autres et la terreur d'être rejeté et d'avoir honte.

Cela peut être un frein pour toi.
Si c'est le cas, prends-en conscience et élimine-le.

Cela peut être toi qui contribue à freiner les autres par des remarques inconscientes.
Si c'est le cas, merci de prendre conscience des effets que cela a sur les autres mais aussi sur toi (cela baisse ton énergie aussi !)

Enfin, si tu assumes tout et excelle, alors aucun problème.
Cela démontre ta force de caractère, prends-en note.

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Cet article a été publié sur la page Facebook "Je prépare ma prépa".
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A bientôt !

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